RĂȘve

Lorsque nous rĂȘvons, nous partons du principe que ce que nous vivons dans ce monde « irrĂ©el » n’existe pas. Cependant, il est peut-ĂȘtre temps de regarder les choses diffĂ©remment.

La tradition du Vide Originel nous explique que seule notre conscience est rĂ©elle. Et celle-ci ne l’est que lorsqu’elle est manifestĂ©e. En gros, dĂšs que nous sommes « inconscients », c’est Ă  dire sans aucune perception du monde (rĂ©el ou imaginaire), nous n’existons pas, et le monde non plus. Seule le « vide plein du tout » est, or, Ă©tant en ce vide (Ă©tant mĂȘme ce vide), nous ne pouvons en faire l’expĂ©rience.

Cette nuit, j’ai rĂȘvĂ© de mon pĂšre. Celui-ci est mort il y a 4 mois, et c’est la premiĂšre fois que je ressentais les sensations physiques du rĂȘve Ă  ce point. Au moment oĂč j’allais quitter l’endroit oĂč se dĂ©roulait la scĂšne, j’ai senti l’impulsion de l’embrasser et de lui fĂȘter sa « fĂȘte des pĂŽpas » (c’est aujourd’hui la fĂȘte des pĂšres). Toucher sa joue, sentir sa peau, la texture, l’Ă©paisseur, la chaleur, l’odeur de celle-ci. Je peux dire que jamais, lors de son vivant, je n’ai Ă©tĂ© aussi consciente de toutes ces sensations physiques.

En ouvrant les yeux, je pleurais. Non pas de tristesse, mais de sĂ©rĂ©nitĂ©. Je n’aurais jamais imaginĂ© faire cette expĂ©rience jusqu’Ă  cette nuit. C’est d’ailleurs le principe de toute expĂ©rience de vie: tant que l’on ne l’a pas faite, nous ne savons pas.

Aujourd’hui, j’ai fait l’expĂ©rience de mon pĂšre mort d’une façon intense, pleine, consciente, comme jamais cela n’avait Ă©tĂ© le cas dans le monde dit de la matiĂšre, de son vivant.

L’expĂ©rience m’a permis de comprendre ce que la tradition explique: il n’y pas de monde rĂ©el et de monde imaginaire. Il n’y a qu’un seul et unique monde: le ici et maintenant.

Dans ce ici et maintenant, je n’avais pas tout Ă  fait le mĂȘme corps que dans le ici et maintenant depuis lequel j’Ă©cris ces mots, mais j’Ă©tais tout de mĂȘme « moi ».

Il s’agissait de mon pĂšre mais, simultanĂ©ment, ce n’Ă©tait pas tout Ă  fait le pĂšre dont je me souviens l’expĂ©rience dans « la rĂ©alité ».

Le cadre de ce rĂȘve Ă©tait un paysage qui m’est inconnu « dans la matiĂšre », mais qui m’Ă©tait Ă  la fois familier… Une riviĂšre, des arbres dont les branches dansaient dĂ©licatement avec l’aide du vent chaud de l’Ă©tĂ©…

La personne que nous appelons « Je » n’existe pas, et en mĂȘme temps, elle existe sous des formes infinies.
Nos rĂȘves sont aussi rĂ©els que ce que nous appelons rĂ©alitĂ©. Nous y sommes « nous » autant que lors de nos actions dans le monde dense que nous nommons « la vraie vie ».
Nous sommes ici et maintenant, que cela soit dans la « rĂ©alité », dans nos pensĂ©es, dans nos souvenirs ou dans nos rĂȘves.


Nous ne pouvons ĂȘtre que nous, bien rĂ©el, et Ă  la fois inexistant en tant que tel.


Ai o komette


PS: Bonne fĂȘte Ă  tous les papas incarnĂ©s ou pas, prĂ©sents dans notre matĂ©rialitĂ© ou dans les autres dimensions que nous expĂ©rimentons.

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